Quand les technocrates font place aux super philosophes

« Toi, moi et l’IA », Jeudi 23 mai 2019

Quand les technocrates font place aux super philosophes

« Ce n’est pas une révolution, c’est une disruption ». Stéphane Mallard, décrit l’irruption brutale de l’intelligence artificielle (IA) dans notre vie personnelle et professionnelle.

Les codes sont transgressés, la dynamique s’inverse, les repères disparaissent. Hier, dans la fiction, Jiminy Cricket parlait à l’oreille de Pinocchio. Demain, dans une réalité déjà bien amorcée par les GAFA, c’est un assistant intelligent, véritable majordome digital, qui gérera notre quotidien et nos pensées. L’IA, danger ou opportunité ? Représente-t-elle la mort du libre-arbitre ou au contraire, un puissant atout pour que l’humain parvienne à dépasser ses limites ? Ce sont les questions sur lesquelles se sont penchées les participants de la Face B ce 23 mai 2019, afin de prolonger la réflexion lancée sur le thème « Toi, moi et l’IA » lors du dernier Forum 360.

Trois groupes d’interlocuteurs ont abordé le thème de l’IA sous les angles éthique, technologique et sociétal. On observe que les différents axes abordés convergent vers des préoccupations identiques ; à l’heure de l’IA, les questions technologiques se confondent avec les questions philosophiques et éthiques.

Car l’optimisation de l’expérience de l’être humain grâce à l’IA implique de mettre en place des garde-fous contre les dérives.

Deux idées phares se sont dégagées des discussions et ont été plébiscitées par les participants lors de la restitution.

EDUCATION. L’IA comme accélérateur de l’acquisition du savoir.

La formation des enfants reste la clé pour bien aborder le futur, dans les pays émergents et sous nos latitudes. C’est à travers l’éducation que nous pourrons limiter les mauvais usages des technologies futures.

Il est urgent de disrupter l’éducation de base, de briser le « formatage » de l’école pour individualiser l’enseignement. L’IA permettra d’offrir une méthode d’apprentissage spécifique pour chaque élève, basée sur son modèle de fonctionnement visuel, tactile et auditif. En développant l’humain, ainsi que les capacités d’empathie et d’émotion qui lui sont propres, on sera à même de canaliser la puissance de l’IA.

ETHIQUE. Le concept d’un « H20’000 », conseil supranational représentant « l’humanité » vis-à-vis de l’IA.

Comment encadrer le développement de l’IA ? L’idée consiste à établir un conseil mondial des sages, composé de 1000 groupes de 20 personnes représentatives de la diversité humaine. Emanation d’une pensée évolutive, il s’agirait de « super philosophes » qui définissent le cadre d’application de l’IA sous plusieurs angles, propres aux différentes cultures humaines. Ce conseil supérieur constituerait un contre-pouvoir basé sur l’idée d’un humain naturellement bon et durable.

Les débats ont été riches, les échanges passionnés et d’autres idées ont fait leur chemin, à travers les différents ateliers de discussion.

ENTREPRISE. Création de sens grâce à l’IA.

Les participants relèvent que l’IA fonctionne également comme catalyseur de sens. En libérant du temps pour des activités à valeur ajoutée, doit nous aider à aller à l’essentiel et à assurer la pertinence de nos actes, notamment professionnels.

SANTÉ. Sus aux pathologies.

Les connaissances et expériences pourront être croisées entre les différents acteurs de la santé. Grâce à l’IA, les diagnostics seront précoces et permettront une meilleure qualité de vie, voire une prolongation de sa durée.

BIG DATA. Récupérer nos données.

En termes de big data, l’exploitation des données ne peut en aucun cas continuer à profiter à quelques multinationales hyperpuissantes ; elle doit être restituée à l’humanité toute entière et mutualisée. Reste à savoir comment reprendre ce qui nous appartient.

Le savoir ou l’apprendre… Car le monde nouveau sera façonné par les générations futures, armées de leur sensibilité et de leur sens critique. Apprendre de la jeunesse ou lui apprendre, cette question divise les participants. Face une fracture digitale vertigineuse, c’est peut-être avant tout par la confiance que l’on pourra dépasser la crainte de l’inconnu. Confiance en ceux qui viennent après nous, ceux qui, dans le monde de l’IA, seront amenés à réinventer l’humain.

Pour le comité – Caroline Plachta